Après 5 ans d’activité, on a fermé l’entreprise la plus marrante qu’on ait créée - pour ne pas dire humblement la plus sympa du moment. MerciCookie dégage un mini résultat bénéficiaire chaque année, mais ça ne justifie plus qu’on poursuive.

"Qu'est-ce qu'on fait de ça, maintenant ?"

Comment on en est arrivé.e.s là ?


Avec Camille, on a lancé MerciCookie en novembre 2017 pour répondre à un problème qu’il connaissait avec sa boîte historique Human Coders (la galère pour faire des cadeaux à leurs partenaires), et avec l’idée d’y bosser le moins possible. Lean oblige, nous avons interrogé quelques dizaines de personnes qui ont validé le problème et l’idée des cookies.

En quelques semaines, on a déniché l’artisane qui fait les meilleurs cookies de France (coucou Caro), conçu un packaging un peu classe qui permette la survie des cookies au transport sans utiliser de plastique (coucou Sabine qui connaît des ref de cartons par cœur), lancé un site appétissant qui ne faisait qu’une seule chose : prendre des commandes de boîtes de cookies et les envoyer à l’atelier (coucou Camille et ton pragmatisme légendaire).

On a offert 25 boîtes en guise d’opération de lancement, les heureux bénéficiaires ont adoré les cookies et ont trouvé le concept bien pratique, et c’était lancé. On a commencé à raconter toute l’aventure sur ce blog avec une transparence totale. On a pas mal bossé les 6 premiers mois, ça c’est sûr.

Mais bon, souvenez-vous, bosser dur sur MerciCookie, c’était pas l’idée, alors on a vite arrêté ça et on n’a rien fichu jusqu’à Noël 2018 (c’était appréciable, croyez-moi). On a remis un coup de collier pour remplir le carnet de commandes pour les fêtes, et je pense qu’après ça on n’a plus jamais rebossé intensément à développer l’activité de MerciCookie.

Alors ça donne quoi, une boîte sur laquelle on bosse pas du tout ?

Comme on répondait à un vrai problème et que le produit était bon, chaque année on a rempli le carnet de commandes des fêtes sans difficulté. Mais rusher 2 mois par an pour ensuite être proche du calme plat, c’est pas très marrant. Notre objectif c’était plutôt d’avoir des clients récurrents tout au long de l’année. Lentement, année après année, le volume de commandes hors période des fêtes a augmenté jusqu’à atteindre ces derniers temps le seuil des 30 commandes par mois qui permettait de couvrir les frais fixes mensuels (avant ça, on était rentable grâce au pic des fêtes).

N’allez pas croire qu’on s’était mis à bosser pour ça : on était surtout sur un modèle très vertueux, où nos clients envoyaient un coffret à leurs clients, qui adoraient, et devenaient clients à leur tour. Ça a été notre principal mode d’acquisition de clients, et c’était bien commode.

Vous vous demandez peut-être à quoi ressemblait la courbe des ventes de MerciCookie :

Pourquoi arrêter alors ?

Parce que garder une boîte qui dégage 2.000 euros de résultat net par an, même si on y bosse 1h par mois pour faire la compta, ça ne fait pas beaucoup de sens. Quitte à ne rien en tirer, autant s’enlever ce sujet de la tête.J’ai passé les 3 dernières années à me répéter “je vais y passer du temps, développer l’activité, parce qu’elle ne demande qu’à marcher cette boîte.”.Nous voilà en 2022, et force m’est de reconnaître que je ne l’ai pas fait et ne le ferai pas. Au bout d’un moment ça sent un peu le réchauffé. Quant à Camille, il a été plus réaliste sur sa motivation, et si ça ne tenait qu’à lui, on aurait fermé MerciCookie il y a 2 ou 3 ans déjà.

Mai 2022, il nous restait une hésitation : on ne pouvait pas lâcher brutalement Caro, avec qui on bossait depuis le début, si ça la mettait en difficulté. Ça a été réglé en une discussion de 20 min : elle souhaitait dorénavant se focaliser sur une autre partie de son activité et donc arrêter de fournir MerciCookie. Quand les planètes s’alignent 🤷🏼

Chercher un repreneur

On a écrit un doc de 2 pages puis un 2ème pour présenter l’entreprise, ses résultats, et on a envoyé ça à 15 ou 20 ateliers de cookies artisanaux. On a aussi diffusé sur quelques communautés d’entrepreneurs. Ça a débouché sur une dizaine d’échanges avec des personnes qui souhaitaient en savoir plus. Mais entre celles qui étaient imbuvables 🤮, à qui on a décidé qu’on ne céderait pas l’entreprise, et les autres qui ont réalisé (à raison) que l’activité n’était pas si facile à reprendre, on n’a pas trouvé de repreneur·se pour MerciCookie. Au grand regret de nos clients fidèles (<3).

Donc, nous y voilà, on a prononcé la liquidation amiable de MerciCookie fin août, et bientôt l’entreprise sera complètement clôturée.

Des conclusions à titre personnel (Sabine)

  • Je confirme la croyance (im)populaire selon laquelle pour qu’une entreprise soit florissante, il faut travailler ! Mince alors.
  • Ça a été un plaisir et un apprentissage pour moi que de travailler en respectant fondamentalement mes valeurs. Un très bon produit, une relation saine et respectueuse avec nos partenaires (on n’a jamais essayé de tirer les prix des cookies de Caro vers le bas par exemple), une boîte où on peut s’amuser, ne pas se prendre trop au sérieux…
  • Bosser avec essentiellement des clients super sympas, c’est possible, et ça change la vie ! Et les autres, on apprend à pas trop les chouchouter pour pas qu’ils s’enracinent.
  • En sortant d’une “aventure startup” canonique et hyper intense (1001pharmacies), ça a été d’une part très formateur pour moi de travailler avec quelqu’un d’aussi pragmatique / minimaliste / lean que Camille.
  • D’autre part, ça a été l’occasion, en travaillant moins, de découvrir que la vie, c’est pas que le boulot, aussi passionnant soit-il. Et ça, c’est sans doute le plus précieux que j’en tire :)

Les conclusions de Camille

  • C’est passionnant de s’associer à quelqu’un qui a un profil et un parcours différent du mien. Cela a apporté beaucoup de richesse dans les échanges, la création, les prises de décision… et j’ai beaucoup appris. Merci Sabine !
  • Je réfléchirai à 2 fois la prochaine fois que je songe à monter un projet d’envoi de produit comestible, périssable… Le transport coûte très cher, le packaging a été compliqué à concevoir, le chocolat fond l’été, les colis sont régulièrement retournés ou abîmés… J’avais pas du tout imaginé ces problèmes à l’avance.
  • Techniquement, il était aussi important que les choix techno soient compatibles avec la façon dont on voulait travailler. J’ai choisi une stack technique simple (Ruby on Rails sur Heroku). Je me suis reposé au maximum sur des services externes. J’ai implémenté des tests sur une majorité des fonctionnalités de l’application. Tout cela m’a permis de passer très peu de temps à fixer des bugs ou faire de la maintenance pendant ces années. Je suis très content du choix !
  • J’ai adoré les effets très positifs d’être transparents, notamment via le blog, sur notre parcours, nos choix, nos fails... Cela nous a permis d’avoir des clients/partenaires adorables, qui nous ont soutenu tout le long de l’aventure.
  • J’avais déjà expérimenté ça chez Human Coders. C’était intéressant de voir que ça se reproduisait à nouveau dans un contexte différent. Bref, j’ai beaucoup appris et je suis content du service qu’on a proposé pendant ces années.
La punchline qui va me manquer

Vous pouvez encore vous procurer les merveilleux cookies de Caroline, en commandant directement auprès d’elle (pas les mêmes formats que MerciCookie) ! RDV sur son site pour découvrir ce qu’elle fait et la contacter (par email).

Un grand merci à Caroline, Valentine, Tania et Fred qui nous ont accompagné·e·s durant cette aventure, et à nos incroyables clients tels que Henri M., Stephanie R., Guillaume S., Shirley A, Sabine N., Laura C., Julien C., Olivier D., Pierre A., Elise L., Leslie B, Maxime B., Mathilde B., Benoît G. … et plein d’autres!